Une histoire de pêche au thon

Voici le récit de leur épopée en haute mer gaspésienne.

Patrick Dubé va à la pêche au thon en Gaspésie depuis huit ans déjà. Lorsqu’il a commencé à cette tradition automnale, peu de restaurateurs dans la province pouvaient se vanter d’offrir ce gros poisson à chair rouge dans leur établissement. Le stock de cette espèce étant menacé, sa pêche est hautement réglementée et contingentée. Peu de permis sont délivrés dans la province et les quotas de pêche sont restreints. Privilégiés sont ceux qui réussissent à mettre la main sur ce poisson d’exception, et encore plus d’aller le pêcher eux-mêmes.

Mais au fil du temps, il s’est lié d’amitié avec un pêcheur gaspésien, Yves Couture, qui chaque année lui fait une petite place sur son bateau afin qu’il puisse avoir la chance de peut-être rapporter un thonidé dans ses cuisines.

Le bateau d’Yves étant en réparation cet automne, c’est sur celui de Jimmy Lepage que Patrick et Christian sont montés le 19 septembre 2022 en compagnie des capitaines et de leurs équipages.

«Nous sommes partis de Baie-Saint-Paul à 5h du matin et arrivés à destination à 17h, raconte Christian, dont c’était la première expérience de pêche au thon. 15 minutes plus tard, on était à bord du bateau!» Direction les Hauts-Fonds de Miscou, à 35 milles nautiques de la côte gaspésienne (environ 65km)!

Après quelques heures à naviguer vers leur endroit de prédilection pour pêcher, et la nuit finalement tombée, les équipages installent les appâts et les cannes à pêche. Sur le radar, on voit bien qu’il y a beaucoup de poissons qui rôdent aux alentours.

Une pêche de nuit est privilégiée quand on part à la recherche de thonidés puisque c’est habituellement plus silencieux et moins achalandé que le jour.

«Une minute après avoir mis les lignes à l’eau, ça mordait», se souvient Christian, avec encore beaucoup d’excitation. Les thons étant des poissons très lourds et pêchés avec une canne à moulinet traditionnelle, cela peut prendre plusieurs minutes, voir des heures, avant de remonter le poisson à bord.

Mais pas dans le cas des équipages d’Yves et Jimmy! «Les gars savaient ce qu’ils faisaient, ils maniaient la canne comme des pros!», se remémorent Christian et Patrick avec admiration. 30 minutes, et le premier poisson était pêché et remonté.

En moins de deux heures, ils auront pêché trois thons : un premier de 895 livres, un deuxième de 650 puis un troisième de 580 livres. Le genre de prises qu’il faut voir pour croire, tellement c’est impressionnant!

Patrick et Christian ont repris la route tranquillement le lendemain, s’arrêtant dans quelques restaurants afin d’y déguster tout ce que la Gaspésie a à offrir comme produits frais : des fruits de mer, du poisson et autres produits locaux.

De retour dans Charlevoix, ce sont des membres de l’équipage de Jimmy et Yves qui sont venus livrer un thon entier, le plus gros pêché, dans les cuisines de Patrick et Christian.

«En moins de deux heures, tout était coupé et conservé sous vide ou surgelé», explique Patrick, qui traite ce produit d’exception comme un petit trésor. «D’ici Noël, on aura tout consommé.» Le chef et sa brigade prépareront tartares, tatakis, steaks et bouillon avec le thon, dont la chair rouge au goût doux et iodé ravit même les plus fins palais.

Le tout sera servi dans le restaurant de l’Hôtel & Spa le Germain Charlevoix, Le Bercail.

Espèrent-ils pouvoir répéter l’expérience l’an prochain? «Oui, si les stocks de poissons le permettent et que les capitaines nous trouvent encore une place à bord de leur navire», admet Patrick, qui cuisine avec fierté les produits du fleuve et milite afin de les rendre plus accessibles.

Entre-temps, ils raconteront à qui veut bien l’entendre leur fabuleuse histoire de pêche au thon.